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MO & MAUD
rainy mood.

Il pleut en douceur. Mo, il s'est assis à l'entrée de sa tente, avec le chien qui dort, dehors. Pour regarder la pluie tomber, pour écouter les vagues s'étaler langoureusement sur le sable blanc. Même si Mo, il y voit pas grand chose, parce que c'est la nuit. Paisible nuit printanière, aux relents de fleurs dans l'atmosphère qui crépite. Mo il se sent presque bien ici, tout seul, même avec ses pensées un peu noires, ses souvenirs qui refont surface, un peu durs, un peu amers. Mo plein d'amertume, qui se retrouve un peu ici, seul dans ce quasi silence. Seul au monde. Mais c'est bien, c'est une bonne chose.
Mo il les entend pas, les pas qui résonnent derrière lui, quelque part dans les arbres qui bordent la plage, là où il a dissimulé un peu sa tente. Sa pauvre tente toute neuve, toute flasque à cause de la pluie qui s'accumule sur la toile trempée. Il l'a pas payé chère sa tente, alors il devrait pas être dépité comme ça, de la voir s'affaisser déjà. Après à peine quelques semaines. C'est con. Puis il pense à pleins de trucs Mo, alors non, il les entends pas, ces pas délicats. Alors ça le prend par surprise, quand une silhouette se prend les pieds dedans et manque de s'étaler sur sa misérable maison de fortune. Il se relève d'un bond, et le chiot blanc, détrempé, se met à grogner avec toute la férocité d'une peluche de trente centimètres de haut à peine. C'est vrai, c'est un peu ridicule. Puis il fait quoi lui, si cette fille là, elle est venue le virer de la plage ? Il irait où lui ? Mo se tait, il attend de savoir ce qu'elle lui veut. Mais à sa tête, elle avait pas l'air de savoir qu'il était là. A en entendre le flot de jurons qui s'échappe de ses lèvres, surtout.

« Maud ? C'est toi ? » et Mo se marre. Ça le fait rire d'entendre sa voix toute faiblarde, un peu lamentable sous cette bruine collante. Maud c'est la seule qui connaît sa tente pour l'instant, et il lui fait drôlement confiance pour garder son stupide secret. Le pire qui pourrait lui arriver, ce serait qu'on lui demande de quitter les lieux. Mais d'un coup, son inquiétude s'envole quand il s'approche de la blonde pour la dégager de ses maudites racines. « Tu m'as foutu la trouille. J'ai cru que c'était pour me dégager de la plage. » Il observe son visage, elle a l'air un peu étourdie par sa chute, Maud. Et puis une tâche fleurissante sur sa tempe attire son regard. Il passe son pouce sur le front de Maud, pour effacer la petite trace de sang qui entache sa peau blême. Ca va, rien de grave. « Tu saignes. T'as réussi à te blesser, bravo » et le voilà qui rit, encore, pas pour se moquer non. Juste parce que cette compagnie soudaine lui fait du bien. Il pensait passer la soirée seul à vrai dire, et la voilà ici, comme par magie, comme si elle avait entendu ses prières depuis chez elle. Sans le dire, il espère qu'elle n'est pas venu les mains vides. Mais il ne lui demande rien, il est déjà content qu'elle soit là. Oui, c'est un bon début. « C'est sympa d'être venu me voir. Je commençais à dépérir tout seul. » C'est vrai en plus. Buddy est là, mais bon, son chien n'est pas l'être le plus bavard sur terre, et Mo, il a envie de parler, à quelqu'un. Pas à son chien. Il se le permettra seulement quand il aura quatre-vingt ans et qu'il deviendra gaga. « Je t'invite dans mon humble demeure ! Allez viens il pleut. » Lui il s'en fout d'être trempé. Mais elle, pas sûr. Elle s'est déjà cassé la tronche, elle a sans doute pas envie de rester dehors sous la pluie.

j'entends sa voix m'appeler et je relève ma tête avec du mal. je suis en mode camouflage, prisonnière des racines des arbres, la pluie me fouettant le visage. "non c'est le père noël." lui dis-je. j'aurais pu me prendre pour poison ivy, vous savez la meuf rousse dans batman. bah j'aurais pu me faire passer pour elle là, mais franchement, je devais ressembler à un chat mouillé ou truc dans le genre. mo s'approche de moi et me relève tout en me disant que je lui avais foutu la trouille et qu'il pensait que j'allais le foutre dehors. on m'avait encore jamais dit que je ressemblais à un policier donc je sais pas vraiment comment le prendre. en me relevant j'enlève les feuilles dans mes cheveux blond et hausse les épaules. "bon au moins je sais que si je ressemblais à mike tyson, je te ferais peur." je lui sourie et lui donne un petit coup de coude. il passe un doigt sur mon front et je regarde la tâche rouge sur son pouce. il confirme mes doutes, je saigne. roooh géniale, bon je pourrais dire que je suis allée en expédition et que je me suis battue contre une panthère. je passe en revue ma tenue et soupire en voyant mes vêtements trempés et boueux. je soupire et relève mon regard vers son visage. "C'est sympa d'être venu me voir. Je commençais à dépérir tout seul." ah oui c'est vrai, ça doit pas être super sympa de vivre dans une tente avec juste un chien comme compagnie. mais remarque il est cool son chien, sauf qu'il est pas très bavard. "ça fait du bien te voir aussi. au moins je suis sur que t'es pas mort de solitude ou bouffer par les fourmis." bah ouais, par ici il y a des fourmis carnivores et elles m'ont déjà mordu au pied. en plus ça fait un mal de chien et ça gratte. c'est con les fourmis. puis enfin, il m'invite à rentrer dans sa jolie petite tente. je réfléchis pas et je rentre directement, je commence à me les cailler. mon cul se pose par terre et je pousse un long soupire. "booon, on va voir ce qui a survécu de mes poches." mes mains passent dans celle-ci et je ressors mon briquet, ma boîte de joints qui sont peut-être foutus, un préservatif -onsaitjamais- et un petit flacon avec de la vodka ou un cocktail truc du genre dedans.

« J'ai pas vu une seule fourmi ici, arrête de raconter n'importe quoi. » Des fourmis. Bon, il adore pas spécialement ça, mais ça le dérangerait pas tellement qu'il y en ait. C'est inoffensif les fourmis d'abord, non ? Et puis il s'engouffre dans la tente à la suite de la blonde, il pousse le chien quand il essaye de rentrer aussi. « Non non, toi tu restes dehors. Tu pues. » c'est vrai qu'un chien mouillé, c'est pas une légende, ça pue la vieille carpette moisie. Puis ya déjà plus de places avec les grosses fesses de Maud. Ses grandes jambes plutôt, qu'elle étale sans se gêner. Il est presque obligé de s'asseoir sur elle. "booon, on va voir ce qui a survécu de mes poches." Et la voilà qui sort tout un attirail digne des Totally Spies en mission. De quoi se mettre bien, selon les termes de Maud. Ya même un préservatif dans le lot. Ça le fait rire, il a envie de faire une remarque, puis finalement il la place, parce qu'on s'en fout, c'est que Maud, non ?  « C'est pour faire quoi ça ? » il demande, un faux air d'innocent collé sur le visage en lui agitant la capote sous le nez. Et puis il prend  la fiole et l'ouvre pour sentir ce qu'il y a dedans. Vodka, bon choix. Même si lui, son alcool de prédilection, c'est plutôt le whisky. Maud qui exauce soudain tous ses vœux en apportant ses petites victuailles survivantes de la pluie. « Tu comptais survivre à un siège avec tout ça ? » Ça va, elle aurait pu faire pire. Mo s'étale aussi, prend la place qu'il reste dans cette foutue minuscule tente. La toile est toute distendue avec leurs deux corps à l'étroit. Et la pluie au dessus d'eux, qui crépite en douceur, encore. Putain, on pouvait pas être mieux. « Je les ai vu tes joints. Un aqua, t'en dit quoi ? » Et Mo, fier du jeu de mot, qui sourit comme un idiot.

je suis sur qu'il doit y avoir un million de fourmis sous sa tente, rien que ça. m'enfin moi je le laisse ne pas m'écouter, un jour il se retrouvera le pied gonflé parce que des fourmis l'auront mordu pendant la nuit. on rentre à l'intérieur et sa petite boule de poil blanche essaye de se faufiler à l'intérieur. mais mo le fout à l'extérieur en prétextant qu'il pue. pauvre chien ! en plus ça pleut toujours et le froid qui accompagne avec, j'imagine pas rester dehors toute la nuit comme ça moi. "roooh mais le pauvre, il va se chopper une angine dehors !" je regarde mo avec des tout rond comme le chat botté dans shrek et fais une formidable bouche en cul de poule. je sais pas si ça va marcher, mais j'aurais essayer. puis bon je suis pas vraiment venue pour discuter de l'éducation de son chien. je sors toutes les affaires de ma poche et je prie surtout pour que mes joints ne sont pas en mode petit bateau. mo attrape le préservatif et me le secoue juste au dessus de mon nez en me demandant c'est pour quoi faire. je lui sourie et choppe le plastique. "ça c'est pas pour toi petit garçon, mais un jour quand tu seras grand je te montrerais comment ça marche." je hausse mes sourcils, un sourire fier trônant sur mes lèvres. puis il me demande "Tu comptais survivre à un siège avec tout ça ?" ça aurait surement pas suffit. mais c'était assez pour survivre deux jours dans la nature d'après moi. et puis c'est toujours mieux de venir avec quelque chose qu'avec rien. je secoue la tête puis décide de ramener ma tignasse en chignon. me font chier mes cheveux, en plus ils sont tout mouillés. "ouais bah je suis pas Paris Hilton alors faudra te contenter de ça." mon regard passe à lui brièvement. le bruit de la pluie s'estompe un peu. ça me rassure, jme vois mal rentrer sous une tempête. "Je les ai vu tes joints. Un aqua, t'en dit quoi ?" je me retourne vers lui, l'air légèrement perplexe. mais bon, c'est vrai faut l'avouer, j'ai mon attirail de base avec moi. sauf que je sais pas s'il a survécu. je prends la boite et l'ouvre. "putain ! ... bon y'en a un qui a l'air en bon état." je le sors de la boite et fais un grand sourire à mo. "on partage ?" comme dans la pub de kinder bueno haha. je pourrais être une bonne actrice enfaite.

Mo roule des yeux quand elle fait sa tête de chatton laissé sous la pluie. Un peu comme Buddy tiens, sauf qu'elle, elle sent pas aussi mauvais. « Franchement, on voit que tu sais pas ce que c'est qu'un chien mouillé. Dans une tente en plus. Je dors ici moi, j'aimerais bien pouvoir respirer normalement. » Et puis il la regarde déballer ses trucs et ses machins. Il a déjà le dos en compote, obligé qu'il est de se tenir tout tordu sous la toile déformée par leurs têtes. Dehors, la pluie commence à se calmer. Bonne chose pour le chien, il pense, et puis pour Maud, quand elle devra rentrer. Si jamais elle rentre. Mo pourrait aussi bien la séquestrer jusqu'à ce que leurs réserves s'épuisent, ça c'est une possibilité aussi. « Si t'étais Paris Hilton, t'aurais pas eu le droit de rentrer. » Paris Hilton. Quelle blague. Cette pouffe du continent est tout ce qu'il déteste. « Les nanas d'Onassis sont tellement mieux qu'elle » fait-il avec un sourire entendu. Il parle pour elle, mais pour toutes les autres, Sania, Ryan, et puis même les garçons sont mieux. Tout est beaux, sincère, sur Onassis. De quoi devenir un imbécile heureux sans s'en inquiéter plus que ça. Maud peste contre l'état lamentable de ses joints, et le regarde avec un air d'illuminée : « on partage ? » « avec plaisir » il répond en se marrant. Il la regarde caler le pétard entre ses lèvres et il lui tend le briquet allumé, pour qu'elle s'avance et qu'elle allume le joint. A la première volute de fumée, Mo se dit que d'ici quelques minutes, ils ne se verront même plus, malgré la lampe de poche posée au sol. « Dis Maud, parles moi de l'île. Tes potes, tes non potes, tes amours, tes parents, tout ça... » Mo, il lui demande juste sa vie en entier, rien que ça. Mais c'est pas grave.

"Franchement, on voit que tu sais pas ce que c'est qu'un chien mouillé. Dans une tente en plus. Je dors ici moi, j'aimerais bien pouvoir respirer normalement." franchement ça se voit pas. m'enfin j'ai du mal à imaginer son chien puer la merde ou un autre truc mauvais. il est tellement chou son chien en plus. mais bon je vois que ça sert à rien de continuer la discussion. il changera pas d'avis et je risque de faire la moue toute la soirée. on est trop têtu pour continuer. du coup je laisse tomber le sujet et hausse les épaules. je sors mes affaires de mes poches et les dépose sur le sol de la tente. "Si t'étais Paris Hilton, t'aurais pas eu le droit de rentrer. " pas faux. quoi que en y pensant je me demande c'est quoi alors le genre de mo. peut-être qu'il aime les brunes à la jennifer lopez ? ou alors il reste dans les blondes mais basique comme britney spears. quoi qu'elle a déjà une poitrine refaite il me semble. "qui te dit que je suis pas elle ? en tout cas ça me rassure." je rigole et décide d'ouvrir ma boite de joints même si j'en ai pas vraiment envie. je vois les vois déjà tous flottant dans une petite mare et ça me déprime de penser à ça. et c'est bien ce que je pensais. j'ouvre, ils sont tous dead sauf un qui a eu le droit à un miracle. je l'allume avec empressement, soupirant de soulagement puis je le passe à mo pour qu'il s'en prenne quelques bouffées. puis il me demande de parler de l'île, de mes potes, de ma vie quoi. c'est vrai qu'on se connait pas beaucoup. moi je suis juste la fille qui a découvert sa cachette car elle était trop curieuse. "hum déjà amour on a match nul." je sourie bêtement et reprend. "l'île bah c'est l'endroit de ma vie, je suis née ici et je compte mourir ici. je suis jamais allée ailleurs. ma mère est morte quand j'étais jeune et mon père nous a élevé moi et mes soeurs. il est super cool, en mode dady bob marley quoi. et mes amis c'est les meilleurs." je rigole toute seule. surement à cause de la nervosité. parler de ma mère... c'est pas quelque chose que je fais souvent, ne plus la voir c'est horrible. "et toi alors, parle moi de toi, d'ou tu viens et tout."

« parce que t'aurais les seins refaits ! et un chihuahua. » il répond. Puis qu'il l'aurais pas invitée ça non. Mo, il les aime les filles d'Onassis, pour leur liberté flagrante, leurs cheveux emmêlés d'eau salée. La peau halée, le regard voilé. Elles ont tout pour elles ici, les Onassiennes. Et lui, ici, il risque de tomber amoureux à tous les coins de rues. C'est déjà un peu le cas, en fait. Mo l'amoureux. Maud allume son joint et il la regarde cracher sa fumée, il s'intéresse à sa vie, à son existence, il veut tout savoir, tout. P'tetre qu'ils ont quelques heures devant eux et puis, Maud finalement, c'est une inconnue. Une jolie inconnue qu'il a eu la chance d'enfermer dans son secret, mais une fille dont il ne sait rien, pour le reste. Match nul qu'elle dit, en amour. Mo rit. Ça, il a du mal à y croire. « les onassiens sont drôlement difficiles, alors » ou peut-être que c'est elle qui l'est, qui sait. Mo l'écoute en silence, il sourit quand elle rit, un peu nerveusement. Le malheur des autres le rend humble, ça le fait réfléchir, se dire qu'en fin de compte sa vie à lui, elle était pas si pourrie. « moi, benh moi... j'viens du Canada. ma mère était, comment dire. tu sais. » et là, il tourne son index près de sa tempe, pour lui faire comprendre : ouais, ma mère était dingue. « puis mon beau père. bah. un peu porté sur la bouteille quoi. alors j'suis parti et me voilà » Mo zappe la case accident. Il s'en veut tellement, il sait pas s'il pourra jamais en parler librement. Pas ce soir non. Mo fume un taffe, puis deux, et il l'attend la bouffée de trop, celle qui s'impose comme une évidence, qui emmène tout bon sens au loin, très loin. Elle arrive vite, d'ailleurs. Alors Mo lui repasse son joint. Il lui délivre un énième sourire. « bon. on fait un jeu ? »

les seins refaits et un chihuahua... j'essaye de m'imaginer avec tout cet accoutrement mais rien ne me vient. juste une image de pamela anderson, mais je lui ressemble en rien donc laissons tomber. en quoi continuer le sujet. en guise de réponse je soupire, le sourire aux lèvres, allumant ce dernier petit joint. il me demande de parler de moi. c'est pas vraiment quelque chose que j'ai l'habitude de faire et que j'aime faire. en général les gens préfèrent se confier et moi les écouter. des fois je les écoute pas vraiment, j'écoute plus leurs voix. cette mélodie qui sort de notre bouche m'a toujours intriguée. "les onassiens sont drôlement difficiles, alors " je sourie et baisse le regard vers mes pieds. peut-être qu'ils le sont. ou alors ils aiment attendre la bonne personne. moi disons que j'ai jamais croisé l'amour. je l'ai vu avec mes parents ou ceux de mes amis. mais sinon il n'est jamais venu toquer à ma porte. "ou peut-être que vous touristes êtes difficiles ?" ceux qui viennent ici sont souvent trop superficiels. ils aiment être parfait, avoir une coiffure de star, un maquillage de tapis rouge et tout un accoutrement débile. les gens d'ici font leurs propres habits. ou alors ils vont les acheter dans les boutiques qui vendent des habits fait ici et non provenant de Chine. puis je lui demande d'ou il vient et pourquoi il est venu ici. il a donc une mère folle et un beau-père alcoolique. pas génial comme famille non plus. j'ai envie de demandé ou est son père, mais je me renfrogne. j'aurais pas aimé moi. il me repasse le joint et me demande de faire un jeu. "un jeu ? à quoi monsieur mo souhaite jouer dites-moi." je le regarde, la tête penchée, le joint coincer entre mes lèvres et un sourire dessus.