Une ombre furtive qui zigzague entre les arbres, s'élance puis s'arrête, à quelques centimètres de la bordure du lac. Ses pieds nus s'enfoncent dans l'herbe verte et humide, l'odeur de la terre flotte dans l'air comme un doux parfum. Ses cheveux fauves tombent en cascade sur ses épaules, emportés par la brise matinale. Elle a oublié de se maquiller ce matin, et son teint pâle n'arrange en rien son allure cadavérique. Un short en tissu marron dévoile ses petites jambes, maigres et vacillantes. Et tandis quelle laisse déambuler son regard humecté sur l'étendue d'eau douce, une présence se fait sentir derrière elle. Une petite dame aux cheveux blancs tirés en un chignon, les traits du visage marqués par le temps. C'est la vieille Maddy, la nouvelle tutrice. Une connaissance de ses parents, qui s'est portée volontaire pour prendre Naevia sous son aile. « Voilà ma petite, je dois retourner au village. Tu es sûre de vouloir prendre le bus pour rentrer ? » La jeune ne peut s'empêcher d'exhaler un long et profond soupir, avant de hocher la tête d'un air las. Elle n'aime pas cet endroit, elle n'a jamais voulu atterrir ici. Comment une île pourrait faire en sorte que Naevia devienne une meilleure personne ? Elle trouve l'idée ridicule. Cela ne l'étonne pas de ses parents. Quelques abysses de lumière valsent sur son dos, sa nuque et ses omoplates. Lorsqu'elle se retourne, Maddy n'est plus là. Un demi-sourire en coin, elle s'avance vers le lac, s'y aventure encore quelques centimètres, juste de quoi baigner ses mollets. Les prunelles embrumées, elle toise l'horizon, haletante, envieuse. Si seulement elle savait nager. Cette pensée mutile son esprit, la blesse au plus profond de son être. Dès lors, pivotant sur sézigue, elle retourne sur ses pas avant de s'allonger dans l'herbe.

Tu avais ressentis le besoin de sortir te défouler et prendre l’air. Tu n’aimais pas rester là, les bras ballant à ne rien faire. Tu appréciais à sa juste valeur la sensation de liberté que te procurais n’importe quel effort physique. Tu courrais, forçant sur tes muscles, le visage rouge dû à l’effort. Chaque bouffée d’air te brûlait un peu plus les poumons, tes cheveux fouettant avec grâce ton visage. Ton corps était bouillant, mais la légère brise de vent créait un parfait mélange. Tu portais très peu d’attention au paysage familier qui défilait sous tes yeux obombrés, tu avais simplement besoin de te dépenser. Tes pieds connaissait le chemin, ils l’avaient déjà parcourus de nombreuses fois auparavant. Tu voulais te sentir fatiguée, et avoir cette impression d’avoir tout donnée, d’être allée jusqu’au bout. Même si tu ressentais le besoin intense de t’arrêter, les commissures de tes lèvres affichaient un sourire satisfait. Tu ne portais même pas une tenue adéquate, mais tu t’en fichais. Tu avais l’habitude parcourir ces terres les pieds nus, sans artifice. Cela ne t’avait jamais fait mal, la force de l’habitude. Tes foulées commencèrent à ralentir, et tes respirations s’accédées faiblissaient. Tu étais toujours surprise par la beauté ses paysages sauvages qu’offrait l’île. Tes yeux pétillaient de malice, absorbant toutes informations utile. Tu apercevais au loin une silhouette rousse qui t’était coutumière. C’était une de tes nombreuses voisines, elle habitait dans le même quartier que toi. Tu avais eu l’occasion de la croiser plusieurs fois, notamment lors des festivités du paysage. « Bonjour. » la saluas-tu amicalement d’une voix mélodieuse.