flume.

noé se fraie un chemin au milieu des vagues. elle a l'impression que son corps va être emporté par la puissance du courant. elle accroche quelques rochers de ses mains abîmées. il ne lui manque que quelques mètres pour arriver. elle nage, comme elle nage depuis vingt-deux ans. onassis lui a appris à lutter contre les vagues. pourtant, elle continue à se sentir toute petite à côté. alors elle cherche des endroits calmes. des endroits où elle sera seule. elle se balade avec ses aiguilles et quelques bouts de tissus. dessine de fleurs au fil à coudre, fait naître des motifs enfantins. des fleurs, fines et faibles. en contraste avec la mer destructrice. la mer n'emportera pas ses fleurs, elles sont protégées. le sac à dos transparent imperméable pour lutter contre l'eau.
elle arrive bientôt à son rocher préféré, l'agrippe et monte dessus. à l'aide de ses maigres bras, elle se hisse. alors elle s'assoit, elle est trempée, ses habits deviennent plus lourds qu'elle, ou presque. elle se sent recourbée avec ses vêtements qui deviennent des poids. alors elle enlève sa veste, sort son tissu et continue ses fleurs, loin de la tension du magasin. elle s'évade. elle n'est apparemment pas la seule. elle entend des bruits d'eau, de rochers, des bruits de solitude. y a quelqu'un ? montres-toi.

la caverne.
la légère brise se frayant un chemin entre les fissures des roches,
caressant tes cheveux ébènes comme la nuit, ou comme la fin,
elle se noie.
lavant ses pensées, purifiant son esprit.
allez tous vous faire foutre, les souvenirs,
fauve, elle est à onassis,
elle a tout laissé au mexique,
vous avez pas l'droit de revenir sans rien dire,
et encore lui percer le cœur comme une vulgaire poupée sans vie.
alors fauve, elle nage, elle agite ses bras au même rythme que ses pensées qui se mouvaient dans son esprit à demi-torturé.
elle veut penser à rien, se libérer de ses chaînes,
l'eau va noyer sa noirceur.

pfiou.

ses doigts s'écorchèrent contre les rochers.
oh la jolie caverne, elle lui ouvrait ses bras.
un peu de son sang se diluait avec l'eau.
ça brûle.

les bras vides, la tête un peu trop remplie, elle s'agrippait au sol rocailleux, et se hissait difficilement, pour s'installer au bord des vagues.

posée sur cette espèce d'asphalte torturée,fauve, elle s'assoupit, les cheveux mouillés, les mains collées sur ses oreilles.
le fracas du torrent sur les rochers, ça lui faisait peur.

mais la voix.
cette voix.
une voix.
ou des voix ?
l'écho.

son sursaut,
l'échine qui frémit,
les cordes tremblantes.

fauve, on se fout d'elle éveillée mais une fois assoupie, on s'intéresse à sa présence.
cette sale gosse. elle prend de ses doigts fins un rocher. un rocher courageux qui tuera les démons qui s'approchent trop près de son coeur fragile.

je.... ne me faites pas de mal.

et malgré un courage paraissant presque sans limite, un flot de couardise s'échappa de ses lèvres gercées par sa respiration haletante. ce flot de lâcheté pur. la gamine, elle ne voyait rien, le noir, ce noir. aveugle. on pouvait la prendre par surprise, la tuer là, lui arracher les tripes sans qu'elle ne voit rien venir.

mais elle avait un rocher pour se défendre, pas vrai ? hein ?

sale gosse.