L'air marin te fouettait avec douceur le visage, tes cheveux dans un tourbillon se soulevaient avec harmonie. Tu souriais avec candeur, contente de retrouver une partie de toi même. Lorsque tu étais hors de cette étendue d'eau, tu ne te sentais  quelque peu vide, comme s'il manquait un petit quelque chose pour assouvir tes besoins. Plus le temps passait, plus tu t'émerveillais des ressources que possédait ton océan. Même lorsque tu pensais avoir tout découvert, ton jugement était rapidement mis à rude épreuve. La soif de savoir et le désir de nager se mélangeait avec consonance dans ton esprit. Le sel desséché sur tes jambes, t'indiquait qu'il était le temps de te lancer. Attrapant ton tuba, tu l'enfilas avec aisance sur ton visage. Avec tes palmes, tu ressemblais à un drôle de petit spécimen. Avec ton esprit enfantin, l'embarra de marcher avec , se mua en rire cristallin. Plongeant dans la mer, tu t'élanças à la découverte des fonds marins.

Ton corps devenu aussi léger qu'une plume,mouvait au rythme des vagues, te permettant de bouger avec facilité dans ce grand bleu. Avec la présence du tuba dans ta bouche, ta langue était devenue pâteuse et un goût salé persistait. Ta vision s'était restreint, t'obligeant à tourner la tête pour voir correctement les récifs. Tu pouvais seulement contempler les spectacles qui se passaient sous tes yeux. Très rapidement, un rythme régulier s'installa. Respirer, inspirer. Le manque d'oxygène t'empêchait d'aller plus vite. Les profondeurs abyssales étaient encore loin. Tu n'avais d'autre choix que toujours remonter à la surface pour satisfaire ce besoin vital.  Tes prunelles embrumées , tu toises l'horizon. Un banc de poisson passe juste à coté de toi, amusée tu décides de les suivre. Plus petits et gracieux, les poissons arrivent à se faufiler entre les rochers, où toi simple humaine est impuissante. Tentant  de tenir la cadence, tu décides de prendre un raccourci. Mauvaise idée. Ta jambe gauche percute un rocher, et se coince dans un nid d'oursin. L'eau froide t'empêches de ressentir la douleur, mais pour l'avoir déjà vécu par le passé tu sais ce qu'il en est. Tu tentes de retirer ta jambe, mais elle est coincée entre le rocher et le nid d'oursin. Tu essayes à nouveau, tirant celle-ci de toute tes forces, mais elle ne bouge pas. Alors tu paniques.

La peur te paralyse. Un courant glacial traverse ton corps. Serait-il possible que ça soit la fin? Tu chasses rapidement cette pensée de ton esprit. Pour avoir passé de nombreuses heures sous l'eau, tu sais que l'affolement est de bien mauvaise compagnie. Tu tentes désespérément d'analyser la situation, de trouver un moyen de te sortir de là. Tu sais que les secondes te sont comptées, tu ne peux malheureusement pas rester indéfiniment sous l'eau. Si tu ne montes pas rapidement à la surface, tu risques de suffoquer. Cette prise de conscience de redonne un coup de pied mental. Vite, vite. L'adrénaline se fraye un chemin et cours dans tes veines. Tu tentes à nouveau de retirer ton pied avec force, mais tu échoues encore une fois. Ta jambe s'est approchée encore plus dangereusement des oursins . Tu essayes de te dégager en bougeant tes palmes avec vigueur, mais l'espace est insuffisant et ta jambe gauche rencontre de nouveau la surface rocheuse. Un filet de sang apparaît et se dilue presque instantanément. Tu as trop bien trop forcé, tu es vraiment bête. Tu entreprends une gymnastique,  bougeant avec difficulté le reste de ton corps.Tu ne sais pas depuis combien de temps tu es là, ni combien de temps tu peux encore tenir. Le manque d’oxygène te brûle les poumons, et tes idées s'entremêlent.
Alors que tu pensais que ta dernière heure avait sonnée, une silhouette surgie de l'obscurité. Ton esprit embrumé ne la reconnait pas tout de suite. Tu sens des mains fortes et fermes sortir ton pied de son piège. Ton besoin de respirer est si grand, que tu arrives en à peine une seconde à la surface. Ton corps accueil avec joie et soulagement l'air dans tes poumons. Tu avais vraiment cru y passer. Tu te retournes et vois Ace juste à coté de toi. 'Meerci.' dis-tu dans un souffle rauque.  Tu te jettes sur lui, comme à une bouée de sauvetage. 'Je n'ai jamais été aussi contente de te voir, tu sais."ajoutas-tu en un chuchotement couvert par les vagues.  

Une douce voix dans ta tête te susurres que tu es en vie. Tu pousses un soupir de soulagement, pendant un bref instant tu avais cru voir la fin. Tu étais une imbécile, tu aurais dû faire plus attention. Les habitants de cet îlot, passionnés par la mer avaient tendance à jouer avec le destin lorsqu’il s’agissait de plongée. Un bref moment d’égarement et c’était la fin. Ta conscience te jetait un regard réprobateur, il était évident que tu n’aurais pas dû faire cela toute seule, prévenir quelqu’un aurait été certainement plus judicieux. Tu enlevas ton masque ainsi que ton tuba qui n’était plus d’une grande utilité. Ace était là, toujours là pour toi, pour tout le monde d’ailleurs. C’était un trait de sa personnalité que tu affectionnais tout particulièrement. Oui, tu étais définitivement contente qu’il soit là, même si tu t’en voulais de lui affliger ce spectacle. Un sourire plein d’amertume apparu sur les commissures de tes lèvres. Tu avais toujours cette impression d’être un boulet, de faire perdre du temps aux gens que tu aimais. Tu chassas à nouveau cette pensée négative de ton esprit. « Déjà que tu m’as sauvé de la noyade, je ne te demanderais pas en plus de me sauver d’un requin, même batman a ses limites. » répondis-tu avec légèreté chassant le mauvais souvenir de ce que tu venais de vivre. Batman te faisait rire, tu l’avais découvert part des touristes, et certains t’avaient même gentiment prêtés les bandes dessinées. Tu avais appréciée le geste. Vous étiez peut-être éloigné de tout, mais pas inculte. Ace semblait lire en toi comme dans un livre ouvert, cela en était presque déstabilisant. Il voyait bien que malgré ton humour, tu ne t’étais pas tout à fait remise de cette expérience.
Tu avais complètement oubliée ta blessure, l’eau froide semblait agir comme des anesthésiants. Tu bougeais la jambe gauche, le mouvement ne fut pas douloureux mais à travers les ondulations des vagues tu apercevais ce que tu espérais être une simple égratignure. « Je pense que ça va aller, du moins je l’espère. » dis-tu avec détachement, ton ami s’inquiétait déjà suffisamment pour toi. Frappée par une éventualité, tu repris la parole « Tu ne t’es pas fait mal avec les oursins ? ». Toi aussi tu t’inquiétais pour lui. Tu regardais sa planche qui flottait juste à côté de vous, analysant toutes les possibilités. « Je ne veux pas t’embêter avec ça, je pense que je peux nager jusqu’à la plage » dis-tu avec aplomb d'une petite voix.

« Genre tu laisserais une demoiselle en détresse, saaaans défense, face au danger ? » demandas-tu faussement offusqué ta voix partant légèrement dans les aigües. Ce n’était pas une attitude des plus chevaleresques de la part d’un garçon, principalement d’Ace. Heureusement, ta conscience te susurrais que ce n’était pas le cas. Ton ami souriait, te laissant entrevoir ses jolies dents blanches. Le sourire qui avait dû faire craquer bien des filles. Oui, tu savais au plus profond de toi qu’il serait toujours là. Oui, c’était bien le genre de personne à donner sa vie pour en sauver une autre. Sur Onassis, les gens étaient loyaux les uns envers les autres, toujours à se serrer les coudes. C’était comme ça que les choses fonctionnaient par ici, même si les touristes ne semblaient pas comprendre l’origine de ce lien qui semblait dégouliner de niaiserie. Personnellement, tu les trouvais bien trop superficiel, eux et leurs technologies, eux à toujours se croire supérieur aux autres. Tu préférais penser à autre chose. Tu bougeais toujours des jambes et tes bras de manière répétitive pour rester à la surface de l’eau. À ton gout tu avais suffisamment vu les fonds marins pour la journée. Tu fixais tes jambes à travers les ondulations provoquées par les vagues. Oui tu en étais persuadé, c’était rien, ta blessure devait être que superficielle. Tu ne savais pas trop si tu disais ça pour Ace ou si tu essayais de te convaincre toi-même. Les deux surement. « T’es suuuuur à cent pour cent que c’est rien de grave ? Non parce que t’es encore pas médecin à ce que je sache. » dis-tu en reprenant ses propres mots, ouai c’est que t’avais quand même des doutes. Ta conscience te lança un regard sévère, c’était clairement l’hôpital qui se foutait de la charité. D’ailleurs, tu ne semblais pas vraiment l’avoir convaincu. Il arborait son drôle de regard, comme s’il essayait de déchiffrer tes pensées. Ce qui était simple par ailleurs. « Oui chef, bien chef » dis-tu en lui tirant la langue de manière enfantine, le ton de sa voix semblait dire qu’il n’y avait pas matière à discuter. Tu tentas alors de monter sur la planche. Celle-ci s’enfonça dans l’eau à mesure que tu grimpais dessus. Ouai t’avais peut-être pris deux ou trois kilos dernièrement, c’était pas ta faute, c’était la vie.

Tu regardes piteusement la planche te sentant encore mal après ce qu’il venait de se passer. Ton corps a retrouvé des couleurs, mais intérieurement tu t’en veux d’avoir été aussi stupide. Tes doigts ne peuvent s’empêcher d’aller au contact de l’eau, créant de jolies ondulations au fur et à mesure que vous avancez. Ace est là, juste à côté de toi. Toujours bienveillant. Tu regardes affectueusement sa tête dépasser de l’eau. Tu t’étrangles, te mordillant les lèvres. « Oui ce matin quand je me suis réveillée j’avais des pulsions suicidaires. J’me suis dit pourquoi pas allez se noyer, avec un peu de chance je rencontrerais Ace sur le chemin. » tentas-tu de dire avec humour un sourire pâle accroché aux lèvres. Tu as employé un ton qui se voulait badin, mais qui ne l’était pas. En réfléchissant, ça faisait un moment que tu ne l’avais pas vu. Tu l’avais simplement brièvement aperçu lors de la soirée de Mo sur la plage. Tu n’avais pas pris le temps de bavasser avec lui. Tu étais une amie pitoyable, lamentable même. Tes tergiversations intérieures sont interrompues lorsque que vous arrivez à hauteur de la plage. Tu écoutes attentivement Ace, pas vraiment convaincu. Tu attrapes avec joie la main qu’il te tend, étant donnée ta maladresse légendaire tu étais encore capable de te casser la figure. Tu es contente de retrouver le sable chaud sous tes pieds. Ce contact si familier avait quelque chose de rassurant. « Je ne sais pas….je crois que c’est simplement une égratignure. » réponds-tu vaguement en haussant les épaules. Pour prouver tes dires, tu soulèves ta jambe à hauteur de son ventre, pour qu’il puisse regarder, te tenant fermement à son épaule. Ouai, faut pas te demander trop d’effort, t’es pas vraiment souple comme fille. Ton pied droit enfoncé dans le sable, t'offres une position un peu près confortable. Néanmoins pour le rassurer, tu préfères céder. « Si tu penses que c’est plus grave que ça en a l’air alors….je suppose qu’on devrait aller voir ton père. » dis-tu mal à l’aise, détestant plus que tout au monde embêter les autres avec tes problèmes.

Tu te tiens là, debout, dans une position des plus acrobatiques. Tes membres tremblent sous ton poids plume, pendant qu’Ace en rajoute une couche. Tu ne sais pas combien de temps tu peux tenir comme ça, surement pas longtemps. La souplesse n’a jamais vraiment été ton point fort. Tu le regardes amusée par ta propre attitude. À tous les coups tu vas encore te casser la figure, t’es un peu irrécupérable comme personnage. Ton ami est d’ailleurs assez bien placé pour le savoir, étant donnée le nombre incalculable de fois où il t’a emmené voir son père. Heureusement, il est toujours là, prévoyant, il t’aide à tenir en place. « Tu veux dire à celle que je n’ai jamais eu ? » t’esclaffes-tu, en essayant de ne pas trop bouger pour conserver ton équilibre. Il regarde consciencieusement ta jambe, la bougeant avec  délicatesse. Tu ne dis rien, laissant la légère brise te bercer. Tu attends son diagnostic. Tu fais l’inventaire de tes blessures dans ta petite tête. Tu as seulement quelques bleus à cause du rocher, et demain tu risques d’avoir les muscles endoloris mais rien de trop dramatique en somme. Cela aurait pu être plus grave si ton ami n’était pas arrivé. « Merci, vraiment merci. » ajoutes-tu d'une voix enrouée en inclinant machinalement la tête, tes paroles sont lourdes de non-dit voilés. Oui tu ne lui as certainement pas assez dit. Merci de m’avoir sauvé. Merci d’être toujours là quand j’ai besoin de toi. Merci d’être mon ami. Merci pour tout.  Tu finis par hocher la tête, lorsque tu remarques sa mine sérieuse et déconfite. Le pauvre ce fait vraiment beaucoup de soucis pour toi. Tu récupères ta jambe avec soulagement. Tu fais quelques pas, mais aucune douleur lancinante ne te parvient. Tu savais bien que ce n’était pas si grave. Offrant ton plus beau sourire tu enchaines comme une gamine de six ans  « Promis juré craché.  Je vais bien, j’te juure. » Tu t’abstiens de cracher dans le sable, parce que ce n’est définitivement pas glamour, mais Ace a surement compris tes pensées. Tu te mets presque à sautiller sur place, comme pour lui montrer que tu pètes le feu. «Bon on fait quoi ? D’ailleurs t’étais venu faire quoi par ici ? » demandes-tu curieuse les sourcils froncés.