Pourtant née sur l'île, c'est un prénom celtique que Moya porte. Il signifie "exceptionnelle" et l'accompagne depuis vingt-sept années. C'est un prénom qu'elle aime. Elle ne sait pas véritablement pourquoi, mais ses sonorités là font vibrer plus que de raison. Elle se souvient encore de ce mot murmuré dans son oreille, encore et encore, par l'homme qu'elle aimait. Il lui manque. Elle qui n'a toujours aimé que les hommes se sent définitivement trop seule. Son deuxième prénom, Willy, aurait du être porté par un homme, bien sur. Il s'agit du prénom de son grand père, disparu en mer peu de temps avant sa naissance. Son nom de famille est Senfield. Il signifie beaucoup pour elle, beaucoup plus qu'elle n'aurait voulu l'admettre. C'est son père qui lui a apprit tout ce qu'elle sait sur la faune de l'île. C'est son père qui lui a tout apprit à vrai dire et elle es toujours proche d'elle. Désormais elle ne cherche plus à apprendre à propos de la nature mais la partage avec les touristes. Guide, elle traverse sans relâche la foret, les menant dans les plus beaux recoins du pays. Elle sait qu'elle devra cependant bientôt laisser tomber ce job qu'elle aime tant. Enceinte de six mois, elle se voit obligée de vivre cette grossesse seule. Elle n'a jamais quittée l'île et est terrifiée à l'idée de prendre le bateau. La mer lui fait peur et elle ne peut plus rien contre ça.

Le calme plat régnait sur la mer d'azur alors que sur ses joues s'écoulaient des marrées douces. Une main sur son ventre légèrement arrondis. L'autre agrippant sa robe noire si fort que les jointures de ses doigts fins en blanchirent. Et ses yeux charbons sur la mer d'huile. Elle lui avait retirée Julian, le seul n'ayant jamais compté. Elle lui avait retirée sa chance d'être heureuse. Par le simple fait d'être ce qu'elle était, la mer lui avait volée sa vie. Et les larmes ne parvenaient à se tarir alors que derrière les gens parlaient, la regardant de cet air triste qu'on les gens qui regardent les veuves. Pas de bague pour elle, juste ce terrible ventre. Et l'être qui y grandissait.

« Oh allez quoi ! Moya ne fais pas la tête je t'en prie ! » « Laisses moi tranquille. » Croisant les bras sur sa poitrine, elle mouva d'un coup sa tête, évitant le visage souriant de son petit ami. Celui-ci ne put s'empêcher de rire avant de la prendre dans ses bras malgré tout. « Lâches moi crétin. » « Mais ma puce ! » Elle repoussa les bras l'entourant avant de se lever en direction de la cuisine, profitant de sa fuite pour récupérer un fruit dans lequel elle croqua sans préavis, évitant prodigieusement de regarder son amant qui se leva du canapé, mi amusé mi mal à l'aise. « Moya, écoutes, je suis désolé. J'ai pas été super sympa et- » « Sympa ?! » Elle le coupa, se tournant enfin vers l'énergumène, le pointant d'un doigt menaçant. « Tu as passé la soirée à leur dire que j'avais grossi Julian ! Tu as passé la soirée à te moquer de moi ! » « Mais mon cœur ! » « Non, chut. Je ne veux pas savoir. » Elle lui tourna le dos, avalant la chair du fruit, laissant couler sur son menton le jus frais. Bon dieu qu'elle avait faim. « ...Tu devrais engouffrer ta pêche encore plus, je suis sur que ça s'avale très bien un fruit de cette taille. » Le corps de la jeune femme se tendit et elle se tourna d'un bond vers le garçon, lui jetant le reste du fruit à la figure alors qu'il tentait de l'éviter, riant un peu plus. « Je vais te tuer ! » Il se précipita sur elle et l'embrassa avant qu'elle ne puisse dire un mot de plus, bloquant ses poignets fins pour ne pas se prendre de coups. Le baisé dura, dura, dura. Jusqu'à ce qu'elle ne se soucie plus de la haine, de la honte ou de la colère. Jusqu'à ce qu'il ne recule en souriant. « J'ai peu être une hypothèse concernant ce petit ventre que tu as récemment prit.» Elle lui jeta un œil surpris, stupéfaite qu'il puisse revenir sur le sujet après la crise. Elle resta silencieuse, l'invitant à aller au bous de sa pensée. Ce qu'il fit, provoquant chez elle angoisse et hilarité dans un cocktail déroutant. « Non, tu crois ? » Osa-t-elle souffler après un moment de réflexion. « J'espère. »

Des conneries. Des conneries de gamins amoureux, voilà ce que c'était. Pas foutu de se calmer, elle serra un peu plus le tissu de sa robe. Et les vagues venaient avec douceur caresser la plage de sable fins. C'était dégueulasse. Ignoble de savoir que toujours la mer serait là, un tout aux beautés sans fins. Alors que son tout à elle n'était plus rien d'autre qu'un mot, seule. Et elle hurla, surprenant derrière elle tout ces gens qui se disaient la connaitre. Et en quelques pas elle rejoignit l'eau dans laquelle elle se jeta, avançant un peu plus au fil de ses enjambées sous-marine, frappant de ses poings la surface limpide. Frappant de toutes ses forces, insultant à tout va le monde, la Terre, sa terre. Trempant cette si belle robe qu'elle s'était forcée à enfiler. Sentant son être tout entier mourir à petit feu alors que des mains l'attrapaient, la tirant vers le rivage alors que sa seule envie n'était plus que de se noyer pour de bon dans cette prison de clarté. Et mourir, mourir, mourir...

« Il ne devrait pas déjà être remonté ? » « Relax Moya, on sait ce qu'on fait. » Grattant l'intérieur de son avant bras, elle tenta tant bien que mal d'accepter les paroles de son ami. Ils savaient ce qu'ils faisaient, très bien. Pourtant voilà une éternité que Julian se trouvait en bas. Les bouteilles sur le dos, le masque bien en place, et la caméra bien sur. Ce n'était pas la première fois qu'il partait plonger. Et si elle avait prit l'habitude de l'accompagner dans ses voyages sous marins, voilà qu'il lui interdisait de plonger. Tu es enceinte Mo', il est hors de question que tu plonges. Alors elle restait là, sur le bord du bateau, à l'attendre dans un silence relatif. Il était en bas depuis trop longtemps, quelque chose n'allait pas. Ses doigts dansèrent sur le rebord du bateau alors qu'elle attendait encore et encore. Plus le temps passait et plus les personnes sur la barque s'agitaient, regardant les montres puis la mer, puis de nouveau les montres. Surface calme, plus un bruit. Un silence de mort. « Je descend. » Elle se précipita sur la première paire de bouteilles à disposition avant qu'un de ses proches ne l'arrête, la main sur son bras. « Tu ne descends pas. J'y vais. » Elle le laissa faire sans un mot, l'inquiétude montant. Elle l'aida à se changer en silence, les mains tremblantes alors que l'agitation montait en puissance. Elle le regarda plonger en silence, alors que déjà ses amis appelaient les secours au cas où. Elle resta immobile lorsque son ami retrouva la surface, appelant au secours, un corps dans ses bras. Elle ne murmura pas un mot quand on hissa Julian à bord, tentant de le ranimer. Sa réaction n'arriva que plus tard, lorsque ses épaules se mirent à trembler, secouées par d'autres. Alors les cris sortirent de sa bouche, inhumains. Alors la peur déforma son visage. Et son cœur eut un raté alors qu'elle attrapait le corps pour le ramener contre elle. Les médecins parleraient d'un problème de bouteilles. D'un accident stupide. La fin du monde.

Je m'appelle Marie, ce qui en soit est le plus banal de tout les prénoms du monde. J'ai dix-huit ans, soit le droit de faire ce que je veux oui oui. Enfin supposément, bien sur. J'ai découvert le forum grâce à Bazzart, et il est superbe. Je suis française et en pleine période de bac, ce qui signifie que je serais présente environ quatre ou cinq jours sur sept, enfin si je réussi à me retenir. Je suis du genre à rapidement devenir accro aux forums que j'aime. Je joue présentement Alicia Vikander la magnifique.