(+) libre
wild man's world is crying in pain
What you gonna do when everyone is insane. So afraid of wanting, so afraid of you, What you gonna do. Crazy on you, crazy on you, let me go crazy crazy on you.
Un long soupir s'était évadé de mes lèvres, alors que mes prunelles émeraude semblaient chevaucher les vagues. À même le sable, je laissais mes doigts longer les cordes de ma guitare, cheveux en bataille et brise murmurante. Oh j'en avais vu des couchés de soleil, mais aucun ne semblait aussi irrésistible que celui ci. Insoutenable et peu conciliante qu'était cette chaleur, alors que ma peau brulait peu à peu. Ma planche, elle, était plantée non loin de là, comme pour parer une brise qui ne serait pas de trop. J'avais toujours été ce garçon, peut-être un peu simpliste, qui ne cherchait jamais plus loin que le bout de son nez. Il faut dire que je n'y connaissais rien moi, à la vie, là, assis sur mon bout d'ile. Je ne savais pas encore bien si j'étais en attente d'un quelconque changement, ou si cette vie qui me semblait à la fois si lourde et paisible à la fois me suffisait. C'était compliqué. Et puis je n'aimais pas y réfléchir. Non, à vrai dire, je n'aimais pas réfléchir tout court, c'était une trop grosse perte de temps. Moue innocente sur ce visage d'adulte, mes paupière se fermaient au fur et à mesure que la lumière éteignait. Il ne manquait plus qu'une comptine, un poème, une douceur à mettre sous mon oreiller.

mes pieds s'entremêlaient avec le sable, les vagues venaient me caresser la peau, la brise d'été rassurer mes cheveux ébènes.
woah.
au mexique, c'était pas comme ça, pas pareil, le soleil, il était pas beau comme là. j'longeais la plage, j'allais, je courais, je volais sur ce sable fin, j'm'enjaillais, j'm'amusais, j'souriais, au gré du vent.
c'est beau, la mer.
j'aimerais bien contempler le spectacle avec quelqu'un.
zya ? 
badi ?
j'secouais la tête, pour chasser toutes mes pensées, et une douce mélodie vint me caresser les oreilles.
est-ce-qu'un soleil, ça peut chanter ?
est-ce-que les étoiles, ça peut danser ?
attirée par les notes, inconsciente de mes propres gestes, je laissais la mélodie me porter, jouant avec le sable de mes pieds. un homme, là-bas, avec une jolie guitare.
oh.
c'était pas le soleil, qui me berçait ?
quelques mètres me séparaient maintenant de cet inconnu à l'instrument. j'devrais l'aborder, le saluer ?
j'me retourne furtivement vers le coucher de soleil.
non, t'en va pas maintenant.
pourquoi les plus belles choses s'en vont comme des voleuses, ne laissant aucune trace derrière elles ?
pourquoi ce sont toujours les souffrances et les larmes qui restent marquées pour toujours sur ma peau ?
pourquoi ?
j'aimerais bien regarder le soleil avec quelqu'un, avoir une épaule sur laquelle faire mon deuil.
plus qu'un demi-mètre nous sépare.
lance-toi, la gosse.
c'est beau, hein ?
j'souris, un peu de tristesse dans l'regard. mes yeux ne pouvaient pas se détacher du soleil qui s'en allait, qui me laissait là. j'pose mes prunelles sur le garçon. j'rougis. bordel.
il avait l'air un peu endormi, un peu paisible. oups. je l'ai dérangé peut-être ? un p'tit pincement au coeur. désolée désolée. j'suis désolée.
à rajouter sur ma liste des choses à faire avant de mourir : arriver à parler à un mec sans rougir, ni bégayer, ni sourire comme une idiote.

J'avais du mal avec les complications, moi, je voulais que ma vie soit bordée de simplicité. Je voulais être un de ces gamins qui ne se soucient que de leur bonheur, sans même faire attention à celui des autres. Se rouler dans la boue, sauter sans même remarquer d'obstacle, et jouer avec le vent, comme l'on joue avec la pluie. Ne se soucier rien d'autre que de son propre bonheur. De la vie, et son bonheur, oui, voilà ce que je souhaitais par dessus tout. Mais un monde où l'on ne faisait attention qu'à soi, ça ne pouvait décidément pas exister. C'était comme offrir une rose à un mot. Ça n'avait simplement aucun sens. Et on était si nombreux, oui, tellement nombreux à rechercher un peu d'amour, un peu de reconnaissance, qu'il serait presque injuste de vivre dans l'ignorance la plus absolue d'autrui. Alors, mes envies, je les ravalais avec détachement, là, le regard coincé entre deux nuages. Loup criant à la lune, ou bélier à deux cornes, je n'arrivais pas à me décider. Il faut dire que ces fumées blanches laissaient place à trop d'interprétations, et que mon imagination n'avait de limite que celles du ciel. C'est beau hein. Oh oui, ça l'est. Mes paupières s'abattent un court instant, dévisageant la jeune femme. Ils sont lourds mes volets, oui, la lumière s'y infiltre difficilement, pourtant, je parviens tout de même à deviner les traits de la jolie brune. « C'est enivrant. » un imperceptible sourire étire mes lèvres, tandis que le soleil se cache encore un peu plus de nous. Mes doigts ont continué à gratté les cordes tout le long, comme une éternelle mélodie dont personne n'aurait réellement conscience. Comme le bruit du vent. Et puis, mes prunelles se reposent un court instant sur le visage de cette femme-enfant, le détaillant avec intérêt. « Tu as du rouge sur les joues... » Oh, je ne sais pas s'il s'agit là d'un surplus de maquillage, ou bien si c'est seulement le soleil qui avait décidé de la taquiner. Je ne savais pas grand chose, moi, de toute façon. « C'est joli, on dirait une poupée. » mes lèvres dessinèrent finalement un sourire un peu plus marqué, comme pour l'accueillir. Oh, bienvenue, toi.

le soleil se cachait derrière l'horizon, ne laissant plus que l'obscurité de la nuit, ainsi que quelques étoiles. la clarté du jour s'envolait peu à peu, et moi, j'en profitais pour admirer le beau à la guitare, histoire de savoir à qui je m'adressais. je clignais des yeux, le soleil me taquinant encore trop le regard. il était beau. et ses mots étaient doux. mais mon ventre, ma gorge. aïe, ça m'fait mal.
j'aime pas le noir, ça fait peur, trop peur, on sait jamais ce qu'il peut se passer, pourquoi ça arrive. on peut me voler mon cœur sans que je m'en apperçoive, là, comme ça, d'un coup de couteau dans la poitrine.
oups, plus de cœur, plus de sentiments ma jolie.
non, non, non.
ne me volez pas tout ce qu'il me reste.
enivrant oui, t'as trouvé le bon mot.
je me posais sur le lit beige et doux, ce sable filant entre mes doigts comme les étoiles au-dessus de nous.
allez fauve, fais un joli vœu.
reviens vite, le soleil...
merde.
il a vu. il m'a vu. même avec un presque-noir qui voilait mon visage de ses yeux ?
oh heum, je...
y'a que ces putains de mots qui s'échappent de mes lèvres. et le rouge de mes joues tiraient sûrement à un espèce de vermillon vif. je me maquille  jamais, j'aime pas, je sais pas comment faire de toute manière. 
à quoi ça sert de se faire belle, alors qu'on est laide à l'intérieur ?
j'suis pas un garçon, arrêtez de dire ça, j'suis juste différente. dans le bon sens du terme. et dans le mauvais, aussi. bref.
sans me laisser le temps de répondre, le garçon reprit la parole. comme s'il avait compris ma détresse.
ou pas ?
une poupée ? on me compare souvent à une poupée. une moue imperceptible se dessinait sur mes lèvres nues. la nuit ne pouvait pas couvrir mes pleurs et mes cris, mais elle pouvait cacher mes sentiments, mon p'tit cœur. tant mieux. je pourrais peut-être passer pour une fille normale, le temps d'une nuit. je remarque un sourire sur les lèvres du joli. j'aimerais bien apprendre à sourire comme ça. j'essaye de l'imiter, plus ou moins bien. ça vient du cœur hein, mėme si je fais peur.
ne me laisse pas là.
j'aime pas le noir.
il m'fait mal.
il va bientôt venir,
couvrir mes yeux de ma triste réalité.
ah merci, c'est gentil. j'ai sûrement merdé avec mon rouge à lèvres ahah.
je rougis de plus belle, parce que je n'sais pas répondre à ce genre de réplique. et je n'sais pas mentir par la même occasion. j'ai un sacré cran, tout de même. j'me frottais la joue gauche, instinctivement, en priant pour que le rouge s'en aille bientôt.
et s'il me draguait ?
et s'il m'ensorcelait ?
il peut aussi me parler normalement hein.
je rêve trop, pauvre gosse que j'suis.
mais d'ailleurs, comment s'appelait-il, le beau à la guitare ?
d'ailleurs, j'm'appelle fauve.
je profitais des derniers rayons pour adresser un dernier sourire à l'homme.
ou peut-être est-ce-que ce sourire ne va plus jamais quitter mes lèvres ? faut voir.
mais je ne pouvais pas m'empêcher de fixer ce soleil.
ce soleil faible qui a trop travaillé aujourd'hui, laissant place aux étoiles et à cette putain d'obscurité. peut-être que je devrais m'en aller. parce qu'il avait l'air gentil, le beau, et ça serait triste si ce noir gâchait le beau moment. c'est la honte, d'avoir peur du noir. non ? j'suis sûre qu'il s'esclafferait s'il remarquait ma panique, ma détresse.
encore plus tendue. j'porte ma main à ma gorge, que je masse discrètement du bout de mes doigts. ça marche pas. elle torture ma gorge, cette conne de nuit.