be careful with the big bad wolf. (ft. juliet)

✲ ✲ ✲
I'm just dreaming of tearing you apart,
I'm in the details with the devil,
So now the world can never get me on my level.
I just gotta get you off the cage, I'm a young lover's rage...
Gonna need a spark to ignite

ce chemin, elle le connaissait par coeur. mieux que sa propre poche. serpent à travers les arbres, glissant en de courbes douces jusqu'à la cascade, il est pourtant si facile de le perdre. s'éloigner du sentier était pourtant devenu son quotidien. s'enfuir le plus loin possible des lignes tracées par l'homme moderne. mais aujourd'hui, elle ne le pouvait pas. accompagnée, comme souvent, malheureusement. ou pas ? juliet s'avérait être une jeune femme agréable à vivre, ni trop curieuse, ni trop ennuyeuse. une cliente comme on en voyait peu de nos jours. avec son sourire à fossettes, ses yeux pétillants, elle était belle, charmante, attirante. et ça la tuait de l'admettre. on n'avait pas idée de penser ça d'une femme lorsqu'on en était une, et certainement pas d'une cliente. pourtant, juliet n'était pas la première à lui couper le souffle, et certainement pas la dernière. d'autres suivraient. c'était écrit, c'était ainsi. tu comptes te prendre une chambre à l'hotel ? faites que oui elle aurait voulu croire qu'une force supérieur l'aiderait. mais c'était peine perdue. si juliet s'en allait, au moins, ellie n'aurait plus l'envie intestinale de caresser sa peau d'ivoire. deux jours qu'elle était arrivée, deux jours qu'elle n'avait presque pas fermé l'oeil, bien trop occupée. elle la rendait folle en un regard, l'électrisait. c'était pathétique. qu'elle prenne une chambre d'hôtel, qu'elle change de guide, qu'elle parte loin, et vite. par pitié.

I had the life of ordinary, I spat it out
Now my condition's kind of scary, I need you now
Not love but I need something else

la nature, elle n’aimait pas beaucoup ça. le chant des oiseaux, les fragrances de sève fraîche sur les arbres, le clapotis discret de l’eau. c’était ridicule. ces vacances étaient une excuse, pour échapper à son travail, à la pression, à son abruti de patron. mais au contact de cette île, les choses avaient quelque peu changé. enfin, l’île. plutôt la paire de fesse qui dansait devant ses yeux. elle détourna le regard avec une moue, minant d’achever la lecture d’une de ces petites pancartes qui renseignaient les touristes sur les types d’arbre qui poussaient dans les parages. cette fille, elle la rendait folle. son corps, sa bouche irrésistible que découvrait son sourire de temps à autre. en trois jours, ellie avait ouvert son esprit à de nouvelles cultures. certainement pas. l’hôtel en bord de mer coûte la peau des fesses, les touristes sont ennuyeux et leurs enfants braillards me cassent les oreilles. elle adressa à la jeune femme un sourire entendu, la rejoignant en deux foulées rapides. elle lissa contentieusement une mèche de cheveux blonds entre ses doigts parfaitement manucurés, mordant du bout des dents dans sa lèvre inférieure. pourquoi est-ce qu’on suit le sentier ? qu’est-ce qui se cachait sous cette petite tête brune ? qu’est-ce que la lueur dans son regard pouvait bien signifier ? la plupart des gens étaient transparents, mais quelques livres rares étaient plus difficiles à lire.

✲ ✲ ✲
I'm just dreaming of tearing you apart,
I'm in the details with the devil,
So now the world can never get me on my level.
I just gotta get you off the cage, I'm a young lover's rage...
Gonna need a spark to ignite

juliet la rattrapa en quelques secondes, de son pas léger qui l'avait déjà faite sursauter un trop nombre de fois. pour cette fois, elle n’avait pas opté pour les talons aiguilles, qui auraient eu le don de la faire chuter lourdement sur le sol. son regard croisa celui de la petite blonde, la faisant doucement chavirer. une vague incontrôlable qui la prit tout entière. c’était malsain. et elle enfonça le clou, le sourire au bord des lèvres. certainement pas. l’hôtel en bord de mer coûte la peau des fesses, les touristes sont ennuyeux et leurs enfants braillards me cassent les oreilles. et merde. sourire un peu crispé, gêné, forcé. sa nature de guide, en somme. toujours garder la face devant le client. c’est dans ses gênes. elle allait rester. son sommeil ne reviendrait donc pas de sitôt ! jamais ellie n’avait été obnubilée par qui que ce soit. et surement pas une fille. lorsque la jeune femme attrapa sa lèvre inférieure entre ses dents d’un blanc nacré, ellie détourna le regard. elle aurait voulu la gifler, se gifler. pourquoi est-ce qu’on suit le sentier ? secouant la tête, fermant les yeux jusqu’à s’en fendre les paupières, elle tourna la tête. non, non, ne pas l’emmener elle. elle était de trop dans cet univers sauvage. elle était trop frêle, trop fragile pour survivre. pourtant ellie avait remarqué ses sourires en coin, son regard qui se posait secrètement sur elle. parce que tu devrais payer… en nature. elle ne rougissait plus. depuis longtemps. bien heureusement. et si l’hôtel te semble trop cher, tu n’auras pas les moyens sourire en coin, regard vague. peut-être voulait-elle simplement rester avec sa guide ? balivernes. elle n’avait pas besoin de dormir chez elle pour les faveurs. enfin, on peut peut-être s’arranger… sous entendu ? peut-être bien.

I had the life of ordinary, I spat it out
Now my condition's kind of scary, I need you now
Not love but I need something else

parfois, il lui semblait qu’ellie évitait son regard, peut-être intimidée par les deux perles scrutatrices que juliet posait de temps à autre sur elle. consciente de son nouveau pouvoir, elle n’hésitait pas à en profiter. elle pouvait séduire et jouer de ses charmes pour capturer dans sa toile toutes les petites bêtes fragiles qui en passaient trop près, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. elle avait enchaîné les conquêtes, portée par ses sentiments confus, jusqu’à cette fille. ellie. parce que tu devrais payer… et si l’hôtel te semble trop cher, tu n’auras pas les moyens. elle arqua un sourcil, esquissant un sourire. ses services devaient coûter chers, bien qu’il n’ait pas encore été question de payer qui que ce soit. elle trouverait sans doute un moyen de passer outre ses honoraires. elle logeait déjà chez elle, entre les murs de sa maison, dans les couvertures qu’elle lui avait donné et qui sentait bon son parfum. et tout ça, sans rien payer. enfin, on peut peut-être s’arranger… voilà qui était brusquement très intéressant ! elle sentit une douce chaleur monter en elle tandis qu’elle ralentissait l’allure, flânant au bord du sentier d’un air rêveur, jetant quelques coups d’œil entre les troncs d’arbres semés le long de la route. qu’entendait-elle par là ? était-il question d’enlever des vêtements, de se glisser dans son lit ? elle avait bien une petite idée sur la question, mais l’attirance et la curiosité suffiraient-elles ? ce n’était rien de plus que son guide, après tout. une étrangère, une parfaite inconnue même. elle ne connaissait rien d’elle : qu’en était-il de ses origines, de ses passions, de ses goûts ? allons, suis-moi. elle profita d’une percée entre les feuillages pour disparaître, persuadée que sa guide l’accompagnerait.