ginger is the new blond ~ simon

Elle a encore son masque de plongée sur le visage, elle est trempée, sortant tout juste de l'eau, son bikini dégouline encore d'eau salée. Le soleil va sécher tout ça rapidement. Elle regarde au loin et cherche des yeux l'endroit où elle a posé sa serviette. A-t-elle seulement posé une serviette quelque part ? Probablement. Mais où. Il y a des touristes sur la plage et un enfant qui joue au ballon lui fonce dedans. Elle rit doucement en l'aidant à se relever, il est un peu sonné et d'abord un peu effrayé par son visage masquée. Elle relève le masque sur le haut de sa tête. L'enfant repart en courant. Elle observe des anglais blancs comme des culs s'essayer au skimboard, le plus jeune ne se débrouille pas trop mal, il est agile, il réussit à tenir sur sa planche. Elle avance en les regardant. Elle a toujours adoré regarder les touristes surfer. Certains sont vraiment nuls, d'autres se débrouillent plutôt bien, les techniques peuvent changer d'une région à l'autre mais les règles restent les mêmes. Quelques surfeurs font la queue l'un à côté de l'autre. Ils attendent que celui de devant prenne la vague. Puis se sera au suivant, et ainsi de suite. Alors qu'elle se demande si elle connait l'un d'entre eux, son pied vient trébucher, se cogner contre quelque chose qu'elle n'avait pas prévu, quelqu'un. Elle n'a pas le temps de réagir qu'elle voit le sol se rapprocher et elle tombe lourdement dans le sable. La tête la première. Elle tousse et crache le sable qui est arrivé dans sa bouche et se redresse sur ses genoux " Merde. " Elle cherche des yeux l'origine de sa chute. C'est un type, un rouquin. Elle a apparemment trébuché sur ce qui était sa jambe. " Désolée. " Elle a le goût du sable dans la bouche. Elle grimace avant de se mettre doucement à rire. " Ça m'apprendra... Je suis désolée vraiment, j'espère que je ne t'ai pas fait mal. Ou peur... Ou... Tes cheveux sont vraiment cools. " dit-elle, ça n'avait pas beaucoup de sens, elle le regarde et elle pense à un tas de trucs, en même temps elle se sent gênée parce qu'elle a l'air idiote à ne pas savoir mettre un pied devant l'autre. En même temps elle se dit que le roux c'est vraiment jolie.

L'Océan est beau. L'océan fascine, avec ses vagues et ses profondeurs inexplorées. L'Océan au fond, n'est que de l'eau, et Simon a toujours préféré se noyer dans les mots. Dans les morts. Il aurait pu s'enfermer ainsi dans ses livres et ses écrits à Paris. Chez lui, au fond de son lit. Il aurait aussi bien pu se laisser mourir. Il l'a fait d'autres fois. Plus d'une. Les fois ou simplement, une balle n'a pas trouvé le chemin de sa cervelle après quelques temps. Mais même les mots ne laissent plus le temps s'accélérer. Et il lève les yeux vers les nuages, dessinant dans le ciel. Non. Il ne peut s'y perdre là comme dans ces mots qui font comme partie de lui, livres anciens avec lesquels il a grandi et d'autres, plus récents, tâchés de larmes. Les mots ont beau être un refuge, ils ne savent tout étouffer. On ne fera jamais taire un ouragan avec des pages de livres.

Pourtant Dieu sait qu'on peut essayer. Qu'il a essayé, et qu'il essaye encore, laissant ses yeux parcourir des pages, des mots et encore des mots, comme un trop-plein. Comme s'il cherchant à refermer une plaie béante avec des idées. Du rien. De l'air. Mais rien ne marche. Sa main s'enfonce dans le sable clair, doux peut-être, mais qui lui donne l'impression d'être du papier de verre. Chaque battement de son cœur le brise un peu plus. Ses poumons semblent se vider, même quand il essaye d'attirer à lui tout cet air pur. Et son souffle se coupe net, son livre tombe à l'opposé des nuages, comme une jeune fille devant lui. Il se redresse, les yeux toujours dans le vague. Comme mort qu'il est son regard, depuis presque six mois. Comme mort qu'il est depuis que son amant a laissé son dernier souffle échapper ses lèvres. Pourtant il lève les yeux. "Ce-C'est pas grave" Son anglais est parfait pourtant. Il pourra remercier Jim, Game of Thrones et Sondheim. Pourtant il s'est remis à bégayer depuis ces quelques mois. Depuis ces quelques morts. Depuis que les cauchemars sont devenus réalité, ici aussi. "Ne-Ne t'inquiètes pas..." Il secoue la tête, tentant de l'écouter. De poser son attention sur autre chose que son esprit. Il a du mal pourtant. Il entends mais ne pense plus au monde. Juste aux cauchemars. Et sa bouche réponds pour lui "Merci?"

Elle le regarde là, assise sur ses genoux, elle le détaille un peu des yeux mais elle ne le dévisage pas, elle ne dévisage personne. Elle aime la couleur de ses cheveux, ce roux flamboyant qu'on a pas l'habitude de voir. Elle se demande pendant une seconde si il est anglais, les anglais ont la réputation d'être roux, elle sait que pendant l'antiquité, au temps des romains, les britanniques et leurs cheveux roux étaient considérés comme des êtres diaboliques et mauvais, les romains croyaient qu'ils venaient tout droit de l'enfer, que c'était pour cette raison qu'ils avaient une chevelure de feu. L'enfer. Qu'est-ce que c'est au juste ? Quand elle l'entend parler elle devine qu'il n'est pas anglais, son accent n'a rien de britannique. Mais elle ne sait pas trop. Il bute sur quelques syllabes en lui répondant. Il lui dit que ce n'est pas grave. Elle lui sourit avec douceur et il semble surpris par le compliment capillaire qu'elle lui a adressé. " Je voulais être rousse quand j'étais petite. A cause d'Arielle. La sirène t'sais... " elle enlève son masque de plongée qui est toujours autour de sa tête et elle le pose dans le sable. Elle ne sait pas trop si il a envie de sa compagnie mais il est trop tôt pour le savoir. Elle s'en ira si elle sent qu'elle le gêne. " Je m'appelle Ryan. Tu es sur l'île depuis longtemps ? " Elle n'est pas si sociable qu'il y paraît, c'est juste qu'elle a dû apprendre à parler avec les gens, son métier l'y oblige. C'est bien car ça lui permet d'aller vers les autres mais intérieurement elle ne peut s'empêcher de se sentir comme timide. Elle a toujours peur de déranger les autres. Elle se demande si c'est un touriste ou non, elle se demande si elle l'a déjà vu, peut-être, l'île n'est pas grande, tout le monde s'y croise régulièrement et pour ce qui est des touristes, elle en doute car elle l'aurait vu, elle travaille au seul hôtel de Onassis. A la réception en plus, alors elle n'en loupe pas un seul.