wakatépé baboune (open)

Cette chambre d'hôtel te convient, un peu trop même. Mais c'est le seul bâtiment de ce genre qu'il y a sur l'île, et puis c'est pas trop cher même si tes réserves d'argent vont bientôt être totalement vides. Ce que tu préfères, c'est le lit. C'est un peu con, mais t'as jamais eut l'habitude de dormir dans des draps propres et qui sentent bon la fleur, parce que dans une caravane y'a pas tellement de places pour ce genre de choses, ces petits détails qui n'ont pas étés présent dans ton enfance. Tu t'en plains pas, au contraire mais parfois c'est sûr que sa te manque un peu.
Tu trouves enfin le courage de te lever, dehors le soleil est déjà bien haut. Tu t'étires puis tu files sous la douche, autant profiter de ce luxe temps que t'as assez d'argent pour te l'offrir. T'enfiles un pantacourt ainsi qu'un tee-shirt et tu sors de la chambre. T'as repéré une terrasse qui donne une vue sur la forêt et tu peux même apercevoir la mer, de loin. Tu t'assois sur la rambarde, tes pieds pendant dans le vide et tu profites. T'observes chaque petit détail qui s'offre à toi, tu respires l'air frais marin qui arrive à tes narines. Cet endroit est un vrai paradis. Et soudain tu tournes la tête parce qu'un truc marron est apparu dans ton champ de vision. Un putain de singe ce tien à quelques centimètres de toi, il te regarde avec ses petits yeux pleins de curiosités. Heureusement que c'est pas une grosse bestiole avec des grosses dents. Celui là il a l'air plutôt mignon, mais son regard te perturbes. wakatépé baboune, j'ai pas de bananes pour toi, désolé. Tu le regardes quelques instants. et arrête d'me faire tes yeux de singe triste. T'aurais jamais pensé faire ami ami avec un singe, mais c'est p'être une bonne chose, c'est sympas comme bête.

Tu scrutes l'horizon de tes grands yeux bleu océan débordants de candeur et de douceur. Tu attends avide de curiosité, le cœur palpitant. Tu souris aux touristes que tu croises, tu es un peu l’intrus par ici, ta peau halée semble jurer avec le paysage. Tu hausses les épaules avec nonchalance, cela ne te gênes pas. L’hôtel fait partie de l’île, et l’île est ta maison, alors ici c’est un peu chez toi. Tu préfères t’amuser à tenir en équilibre sur le bord des trottoirs telle une enfant, oubliant te idées noires. Gracieuse, tu marches avec agilité sur les bordures, jusqu’à ce que tes pieds retrouvent avec légèreté le sol. Ton rire cristallin transperce le silence. Certains curieux te regardent d’un air amusé, comme si tu leur offrais le spectacle le plus drôle de l’île. Le temps passe et tu es toujours là. Le soleil est à son zénith, quelques abysses de lumière valsent sur ton dos, tes mains et ta nuque. Tu les regardes avec émerveillement, jouant à faire des ombres sur le sol. Tu es décidément une enfant dans un corps d’adulte. Tu soupires, il ne viendra pas. Tu t’apprêtes à rebrousser le chemin et rentrer chez toi bredouille. Tu regardes une dernière fois l’hôtel d’un air sceptique. Rien de très intéressant ici. Tu lèves les yeux au ciel, signe de ta lassitude. Une paire de pied retient ton attention. Elle était juste au- dessus de ta petite tête et pourtant tu ne l’avais pas vu. Tu te recules pour mieux voir, mais tu ne vois pas grand-chose de sa peau, simplement un petit singe sur la rambarde. Ils sont courant par ici, et très amical. Son corps reste invisible à tes yeux, mais sa voix sonne mélodieusement dans tes oreilles. Tu ne comprends pas tout ce qu’il dit, mais le son de sa voix te fait rire, tu es à nouveau de bonne humeur. « Moi vouloir banane » dis-tu d’une voix rauque comme si tu parlais à la place du petit singe, restant toujours caché en-dessous de lui. Tu ne sais pas trop pourquoi tu as dit ça, mais tu trouves ça drôle.