pavés. (mo)

Ils s’éteignent un matin dans le battant des foules
ils ont le regard du vin quand parfois leurs yeux coulent
ils n’ont pas de couleur pas de drapeau tendu
alors ils trainent un peu comme des bateaux perdus

Il y a le ciel qui s'embrase, milliers de flammes qui vacillent pendant que l'astre disparaît. Il y a la mer qui part en flammes, rouges sangs, oranges sanguinaires. Et puis le ciel s'éteint, les étoiles, milliers de lanternes accrochées à la voûte, qui scintillent doucement. Tu te lèves des falaises où tu es venue observée le spectacle et tes pas te guident vers le village. Tu pourrais rentrer, tu pourrais aller directement chez toi, te faire à manger et puis dormir mais la brise t'emporte, l'air doux du soir t'enveloppe et te mène à travers les rues. Tu les connais par coeur à force de fouler ses pavés. Alors tu fermes les yeux doucement et balançant tes pas telle une ballerine concentrée, tu sautilles sur les pavés. Et ta voix s'élève, tu chantonnes, enfantine, tu comptes à mesure que tes pas enfantins rebondissent sur les pavés. Un..Deux.. Troi C'est la chute inattendue, la rencontre brutale, le corps d'un autre contre toi et tes yeux qui se rouvrent brusquement. Oh.. Pardon, excusez moi, j'fermais les yeux, enfin je ne regardais pas où j'allais.. Il a les cheveux noirs, les yeux profonds, il a ce visage inconnu, ces traits que tu ne reconnais, il a l'odeur des touristes, cet air un peu perdu, qui doit encore s'adapter. Je m'appelle Sania.

Mo cherche un boulot, grande nouvelle. Au canada, il a bien travaillé pendant un temps chez un ami de son beau père, dans un garage merdique. Mais ici, pas de voiture à réparer. Ses mains ne servent à rien, finalement. Et ses poches, vides, vides, vides. De plus en plus vides. Et le voilà à courir les rues, à demander aux commerçants s'ils auraient besoin de n'importe quoi, une aide, la plus infime utilité qu'ils pourraient lui trouver à lui, l'étranger au cœur serré. Son chien est parti explorer les rues de son côté, et lui a laissé tomber. Il a le nez au ciel, les prunelles rivées aux nouveautés. On se croirait dans un autre monde, complètement. Même les rues ont l'air de chanter des louanges à la liberté. Et Mo, il regarde pas où il va. Sans surprise donc qu'ils se percutent, les deux là. Elle qui fermait les yeux, lui le nez en l'air. Mo rit. « Ca va, c'est rien » Non, c'est rien, c'est vrai. Il reste un peu interloqué, Sania elle s'appelle et elle a cet air de fille des îles, de native aux racines bien ancrées ici. Sûr qu'elle aurait traversé son île les yeux fermés et sans aucun problème, si lui ne s'était trouvé sur son chemin. « Mo, moi c'est Mo » il laisse tomber, soudain un peu gêné. Mo, il est un peu obnubilé par ce visage peu commun, cette beauté un peu survoltée. Elle est agréable à regarder, et Mo se laisse aller. Alors pour détourner son attention, il entame la conversation, un peu de n'importe où, comme s'ils étaient sensés se connaître. « Euh, je cherche un boulot, mais tout à l'air plein ici. Il n'y a personne qui aurait besoin d'un gars comme moi ? »